L’histoire naturelle de la Bassée
Cette plaine s’est créée au quaternaire, au moment de l’enfoncement des vallées. Le cours du fleuve qui creusait jusqu’alors dans la craie, s’est retrouvé bloqué par les massifs du calcaire de Brie, plus dur. Un grand lac s’est alors formé, résultant cette vaste plaine à très faible pente, avant que la Seine puisse pénétrer le plateau de Brie où elle forme après une vallée très étroite et encaissée.
La Bassée longe la cuesta d’Ile-de-France (rupture du plateau de Brie tertiaire) et l’on peut y observer de magnifiques coteaux calcaires comme à Montereau (colline Saint Martin), à Saint Germain Laval et Courcelles en Bassée (coteau de Tréchy) et à Nogent-sur-Seine (Montacran et forêt de Sourdun). Ce fond de vallée, large et à faible pente, a permis à la Seine de divaguer, formant un chevelu de cours d’eau se déplaçant régulièrement dans la vallée et donnant naissance à un réseau de noues. Cette platitude est aussi à l’origine des méandres du cours d’eau et de ses crues régulières. Cet ensemble de facteurs a façonné une zone humide remarquable.
L’Homme et la modification des milieux
Au néolithique, soit il y a 10000 ans, les premières sociétés humaines découvraient le travail d’agriculteur et d’éleveur. L’Homme s’est très vite installé en Bassée (l’un des principaux sites archéologiques européens pour cette période) en s’installant sur des dômes de sables appelés montilles, et en défrichant la forêt alluviale pour y installer de l’élevage et profiter de ces terres alluvionnaires fertiles.
L’Homme va vivre et prospérer au rythme des inondations, installant les villages et voies de communication au bord de la vallée et développant une activité d’élevage et de production de foin.
Les grandes mutations apparaissent au début du 20ème siècle et principalement dans les années 1950. Les guerres tuent beaucoup d’hommes laissant les femmes ne pouvant entretenir toutes les terres. Par conséquent, les prairies s’enfrichent peu à peu. Puis, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le développement de l’agriculture intensive se déploie sur toute les terres, dont la Bassée, avec pour conséquence des modifications profondes de l’organisation des territoires et des terres, avec l’impact que l’on connait sur les paysages et la diversité écologique.
Dans les années 1960, la création du barrage réservoir de la Seine au niveau de Troyes a pour ambition de limiter et maitriser les crues en aval, et de protéger l’agglomération parisienne d’un tel risque. Les interventions sur hydrauliques se poursuivent par la suite avec la création du canal à gabarit 3000 tonnes de Montereau à La Grande Bosse finissant de drainer ce secteur en menant à la quasi disparition des crues sur ce tronçon.
La mutation s’accélère alors, l’agriculture intensive se développe au détriment des prairies… la faune et la flore qui s’étaient adaptées au cours des millénaires aux prairies disparaissent. L’industrie du granulats se développe rapidement transformant irrémédiablement le paysage. La partie amont subit progressivement ces perturbations même si les crues permettent de maintenir certains usages.
Les prairies inondables, les boisements alluviaux relictuels, les zones de marais et mégaphorbiaies sont alors menacés demandant une urgente protection…
Et maintenant…
Malgré les nombreuses perturbations, destructions, que la Bassée a subi au cours du XXème siècle, elle n’en demeure pas moins un territoire exceptionnel, abritant quantités d’espèces et d’habitats remarquables.
Les politiques de conservation de la nature ont ainsi facilité le déploiement de dispositifs de protection : Réserve Naturelle Nationale, arrêté de protection de biotope, ou encore Natura 2000 sont des outils favorables à la conservation de la Bassée. Par ailleurs, par la conjugaison des contraintes réglementaires, mais aussi et surtout par la volonté des acteurs locaux, les exploitations de carrières bénéficient de pratiques de réaménagement favorables à la création de milieux de substitution et par conséquent, au maintien et au rétablissement d’espèces patrimoniales.
Malgré cette embellie, la Bassée n’en demeure pas moi un territoire soumis à de nombreuses pressions et projets susceptibles d’impacter négativement cette grande plaine alluviale : développement de certaines carrières en pleine zone d’intérêt écologique ; industrialisation et urbanisation sur des zones à fort intérêt en négligeant les impacts et notamment les impacts cumulés ; projet du canal à grand gabarit, projet des grands casiers pour le stockage des crues…
En tant qu’acteur associatif, l’ANVL s’implique quotidiennement pour la préservation de cette entité écologique, et mobilise l’ensemble des moyens dont elle dispose afin de mieux protéger ce patrimoine naturel d’exception.
Ci-après quelques sites accessibles au public à découvrir.
La Bassée: Vallée de la Seine entre Montereau Fault Yonne en Seine et Marne et Romilly sur Seine dans l’Aube.
- Réserve naturelle Volontaire de la Colline Saint Martin et des Rougeaux à Montereau-Fault-Yonne (77).
- Réserve ornithologique du Carreau-Franc à Marolles-sur-Seine (77)
- Coteau de Tréchy, commune de Saint-Germain-Laval et Courcelle-en-Bassée (77)
- Prairie et forêt alluviale en Bassée
- L’espace naturel du Grand Marais à Varennes sur Seine
- Le plan d’eau de Balloy-Bazoches
- Etang du Grand Mort à Marnay-sur-Seine
- Plan d’eau de la Prée à Nogent sur Seine
- Prairies de Pont sur Seine (10)
- Réserve naturelle nationale de la Bassée
La basse vallée de l’Yonne: Secteur proche de la Bassée entre pont sur Yonne dans l’Yonne et Montereau Fault Yonne en Seine et Marne.
- Plan d’eau de la Chapelotte, commune de Villeneuve-la-Guyard
- Le site des Seiglats à Cannes Ecluses
- Le plan d’eau de Préaux